Le lion et la tortue
- laplumeensanglots
- 6 août 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 sept. 2021


Il y a bien longtemps, dans le monde des animaux, le Lion et la Tortue vivaient en très bonne compagnie. Où tu trouvais le lion, la tortue n'était pas loin.
Un jour une terrible disette s’était abattue sur le pays, ils n’eurent plus rien à manger. Alors, ils se concertèrent et décidèrent de tuer leurs mères pour assouvir leur faim. Aussitôt, ils traînèrent leurs vieilles mères au bord d’une rivière en forêt.
Comme l’heure de l’exécution approchait, Tortue appela Lion et lui dit : « Njéé-Lion, mon ami, avant de mourir, mon père me recommanda de ne jamais tuer mes proies en aval d’une rivière. Reste donc ici, moi je vais chercher une place en amont. Cependant, lorsque tu verras l’eau de la rivière colorée du sang, sache que j’ai tué ma mère; Alors tu n’auras plus qu’à tuer la tienne. »
Arrivée en amont, Kulu-Tortue alla cacher sa mère dans un trou. Puis elle sortit de sa gibecière un paquet de « Hiol », colorant sauvage qui a la propriété de rougir tout ce qu’on y trempe et tout dans quoi on le trempe. Tortue déversa tout le paquet de Hiol dans la rivière et en un instant celle-ci fut rouge, d’un rouge si vif qu’on aurait pris de l’eau de la rivière pour du sang.
En aval, Lion était impatient. Aussi la vue de la rivière en sang le précipita sur sa mère. « Ta dernière heure a sonné, vieille femme, lui dit-il, car ta vie est aussi inutile que tu es vieille. Meurs ! » Il la jeta par terre et lui assena plusieurs coups de gourdin sur la nuque, au moment d’expirer ; la vieille mère Lion dit à son fils « Mon enfant, je t’ai montré toutes les embûches que l’homme notre ennemi pouvait te tendre, je t’ai nourri de mon lait, je t’ai donné la vie, et tu me tues, Fils. Tu me tues. Mais, par le sang qui t’a donné la vie et que tu n’auras pas craint de répandre, retiens que tu es maudi. Tu seras toujours la risée de tes administrés, grands et petits, tous sauront toujours te tromper. » Là-dessus la vieille lionne rendit l’âme.
Vite, Lion dépeça sa mère et fit un gros paquet, puis il monta trouver Tortue qui achevait de confectionner un paquet composé de tas de champignons, de terre et de glu. Lion ne s’aperçut pas de la supercherie. Il croyait ferme que Tortue avait, elle aussi, assassiner sa mère. Ils se rendirent à sa tanière et allumèrent un grand feu. Chacun d’eux plaça son paquet au pied du feu, là, devant sa couche. Puis ils s’étendirent de part et d’autre du feu pour attendre la cuisson des viandes.
A peine au lit, Tortue simula un profond sommeil en ronflant trop fort, Lion se laissa prendre et sans crainte s’endormit. C’est alors que Kulu se leva et modifia la position des paquets au pied du feu : elle prit le sien et mit devant Njéé, prit celui de Njéé-Lion et le plaça devant elle-même. Puis elle se recoucha. Au premier champ de perdrix, Tortue se réveilla et sans attendre son ami, commença à manger la viande qu’elle lui avait dérobée. Au réveil de Lion elle achevait de broyer le dernier os de son repas.
Sans plus tarder, Njéé défit son paquet. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il n’y trouva qu’une énorme motte de terre et de champignons baignés de glu fondue.
Voyant le désarroi de Lion, Kulu éclata de rire, expliquant à son ami qu’elle ne pouvait s’attendre à mieux. Vieille sorcière de grande notoriété, la mère de Lion devait forcément se métamorphoser en quelque chose, et elle s’était faite de glu, terre et champignons. Lion en était fou de honte. D’ailleurs, conclut Tortue, « Ce qu’on remet à plus tard ne tarde pas à devenir un paquet de glu »
Les deux amis se séparèrent. Deux lunes s’étaient écoulées depuis cette triste histoire. Un beau soir, Njéé-Lion se promenait dans son royaume, il vint à passer près du trou qui sert de logis à Kulu-Tortue. Du fond du trou sortait des bruits de voix et des éclats de rire. Avec précaution Lion s’approcha du trou et un rapide coup d’œil lui fit voir la mère de Tortue qui se réchauffait au coin d’un feu. Tortue racontait précisément à sa mère comment, quelques semaines auparavant, elle avait trompé Lion et avait mangé sa mère en sa présence.
En entendant tout cela Lion entra dans un grand courroux. Il voulait entrer dans le trou de Tortue, mais l’ouverture en était si petite, que le Roi-Lion dut renoncer à son projet. Avant de s’éloigner, il jura cependant de se venger s’il venait à rencontrer sur son chemin Tortue ou sa progéniture.
C’est depuis ce jour, que Tortue s’arrête au moindre bruit chaque fois qu’elle se risque à sortir en forêt, elle n’a pas oublié la vengeance jurée par Lion.
Credits : Contes africains
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