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Le bon cœur ou la beauté du visage ?

  • laplumeensanglots
  • 13 août 2021
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 nov. 2024


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Il était une fois dans un lointain village, deux sœurs qui vivaient ensemble : Nyirankou et Elanyo. Nyirankou L'aînée était très belle et la cadette Elanyo très laide. La belle était bien évidemment courtisée par tous les jeunes hommes du village et des environs, et la laide loin d'attirer ne serait-ce que le regard des vieillards était plutôt la risée de tout le village. Pourtant, elle avait un cœur en or alors que sa sublime sœur était très méchante et prétentieuse. Ainsi va le monde !


Un soir, après avoir subit pour une ènième les moqueries et railleries des villageois, la jeune Elanyo se dit: " Ici, rien de bon ne m'attend. Je construirai une maison à la montagne et j'y vivrai seule. Plus personne ne verra mon visage ni ne se moquera de moi. "


Ainsi, au petit matin, elle quitta le village et se dirigea vers la montagne. La jeune Elanyo marcha toute la journée, et ses jambes étaient fatiguées lorsqu'elle aperçut enfin un filet de fumée s'élever au-dessus de la vallée. Elle s'approcha et vit, assise devant une jolie petite maison, une vieille femme aveugle. Elle avait des nattes grises, mais ses lèvres étaient d'un rouge éclatant et ses dents brillaient comme des diamants. Plus étonnant encore, elle avait deux visages, l'un devant et l'autre derrière. "C'est sûrement une sorcière", pensa Elanyo. Néanmoins, elle la salua très poliment et s'enquit de sa santé. "Je me porte bien, merci", répondit la vieille dame avant de continuer :

▬ Seuls mes yeux ne voient plus comme avant. C'est pourquoi je cherche une servante. Ne voudrais-tu pas travailler pour moi? Tu auras un bon salaire et à manger autant que tu voudras.

▬ Pourquoi pas, répondit Elanyo en se disant : "Je serai bien ici et les yeux aveugles ne verront pas ma laideur."

Elanyo travailla donc chez la vieille et s'en trouva bien. Tous les jours, elle ajoutait une pièce d'or dans un petit coffret et elle mangeait à satiété. La vieille lui avait même donné une jolie robe. La jeune fille la méritait bien, car elle servait sa maîtresse loyalement, ne profitant pas du fait que la vieille femme était aveugle. Elle balayait la poussière et raccommodait le linge avec de tout petits points. Le temps passa et une année s'écoula.


▬ Ton service chez moi se termine, dit un jour la vieille à la jeune fille. Tu peux à présent rentrer chez toi.

▬ Oh non! s'écria la jeune Elanyo. Je veux rester ici. Toi, tu ne vois pas la laideur de mon visage, tu ne connais que le son de ma voix et le travail de mes mains. Mais les autres se moquent de moi. Je ne veux plus jamais les revoir!

▬ Tu as un visage ingrat, mais un cœur en or, répondit la vieille. Mes yeux paraissent aveugles, mais ils voient beaucoup mieux que ceux des autres. N'as-tu pas remarqué que j'en ai quatre? Quand deux dorment, les deux autres restent éveillés. Je connais ton visage depuis le jour où tu es arrivée et, en vérité, il m'importe peu qu'il soit beau ou laid. Mais cela semble vital pour toi et c'est pourquoi j'ai décidé de t'aider. À présent, entre dans la maison et touche le miroir qui est contre le mur.


La jeune fille fit comme la vieille femme lui avait dit. La tête baissée pour éviter de voir son visage elle tendit la main vers le miroir. Soudain, celui-ci s'ouvrit comme une porte, et derrière lui une autre pièce apparut. Sur les murs, il y avait des centaines de visages!

▬ Vas-y, choisis celui qui te plaît! commanda la vieille dame.

La jeune fille, émerveillée, regarda attentivement tous ces innombrables visages, et finit par en choisir un, gentil et souriant, avec de grands yeux. Dès qu'elle l'eut désigné, la vieille prit le visage de la jeune fille dans ses mains et le suspendit au mur. Puis elle posa sur sa tête le nouveau visage. Comme elle était belle à présent!

▬ Rentre chez toi et vis en paix! lui dit la vieille.

Puis elle tendit à Elanyo son coffret en clamant:

▬ Double est ma face, que double soit ton contenu!

Aussitôt dit, aussitôt fait, le coffret fut immédiatement rempli de pièces d'or. La jeune Elanyo remercia la sorcière et lui fit ses adieux. Puis elle rentra chez elle en courant. Elle était heureuse, belle et riche, que demander de plus ?


À sa vue, sa sœur aînée n'arrivait pas à en croire ses yeux, elle ne reconnut sa cadette qu'au son de sa voix. Mais ce changement ne lui plut guère, car la laide était maintenant plus belle qu'elle. "Moi aussi, j'irai dans la montagne", se dit-elle quand elle eut appris comment sa sœur avait réussi. Si la vieille avait su rendre si beau le visage si laid de sa sœur, le sien, déjà si gracieux, deviendrait le plus beau du monde. Puis, sans tarder, la sœur aînée prit la route. Elle marcha toute la journée et commençait à être fatiguée lorsqu'elle vit un filet de fumée s'élever au-dessus de la vallée. Elle s'y dirigea et arriva près d'une jolie maisonnette devant laquelle était assise une vieille femme aveugle. Elle avait des nattes grises, mais ses lèvres étaient d'un rouge éclatant et ses dents brillaient comme des diamants. Plus étonnant encore, elle avait deux visages, l'un devant et l'autre derrière. "C'est la sorcière!" pensa Nyirankou. Elle fit une grimace désobligeante puisque la vieille femme ne voyait rien puis, d'une voix mielleuse, elle s'enquit de sa santé.

Et la vieille la prit à son service, tout comme sa sœur. La belle jeune fille fit semblant de travailler. Tantôt elle faisait un peu de bruit en remuant quelques objets, tantôt elle donnait de petits coups de balai, mais elle passait le plus clair de son temps devant la glace à s'admirer. La poussière s'accumula bientôt dans tous les coins de la maisonnette et le linge fut raccommodé très grossièrement. Néanmoins, tous les jours, la jeune fille mangeait à volonté et elle recevait également une pièce d'or, qu'elle rangeait dans son coffret. Ainsi, une année passa.

▬ Ton service chez moi touche à sa fin, dit un jour la vieille. À présent, tu peux rentrer chez toi.

▬ Oh non! objecta Nyirankou . Je ne veux rentrer qu'avec un nouveau visage!

▬ C'est ce que tu veux? Entre donc dans la maison et touche le miroir , répondit la vieille.

La jeune fille se dépêcha de rentrer, tendit la main, et le miroir s'ouvrit comme une porte. Derrière lui, il y avait une autre pièce où d'innombrables visages étaient accrochés aux murs.

▬ Ferme les yeux et ne les ouvre pas avant que je ne te le dise, ordonna la vieille.

Puis elle prit la tête de la jeune fille dans ses mains, ôta son joli visage et le suspendit au mur. Elle posa ensuite sur la tête de la jeune fille le visage de sa sœur cadette. Puis elle lui tendit son petit coffret, après y avoir jeté de la poussière ramassée dans un coin de la pièce et avoir dit:

▬ Double est ma face, que double soit ton contenu!

Elle conduisit ensuite la jeune fille devant la maison et lui dit:

▬ Tu peux ouvrir les yeux à présent et rentrer chez toi.

La jeune fille ne dit ni au revoir ni merci et descendit la colline en courant, pressée qu'elle était de rentrer au village. Vous pouvez aisément imaginer ce qu'elle ressentit quand elle se vit dans un miroir et qu'elle entendit les quolibets des voisins. Lorsqu'elle ouvrit le coffret, un nuage de poussière s'en échappa et se déposa sur ses cheveux. Elle ne réussit plus jamais à les démêler.

Elle fut si honteuse que, très vite, elle quitta le village. Personne ne sut où ses jambes l'avaient guidée, et plus jamais dans la région on n'entendit parler d'elle. Sa sœur cadette épousa un homme beau et aimable, et ils vécurent heureux et en paix.

Certes, le beau visage de la jeune femme allait vieillir un jour, mais un cœur bon le reste toute une vie.

Qu'avez-vous retenu de cette histoire ?

Credits : Contes africains


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